J'ai vu des femmes multicolores
Danser au bout du monde

J'ai vu des nuages

Traverser l'histoire

Jusqu'aux etoiles

J'ai vu des rats silencieux 
Au regard de néant
Grignoter des morceaux de carbone

J'ai vu des enfants pauvres
Rire comme jamais

J'ai vu des chiens errants
Lancer des regards d'amour 
Aux touristes indifférents

J'ai vu des châteaux intacts

Inhabités depuis des siècles

et des immeubles en décrépitude

surpeuplés d'infortune.

J'ai vu des villes mortes où la nature revit

J'ai vu des montagnes où s'entassent 

des alpinistes trop pressés.

J'ai vu des enfants dormir

dans des cartons

devant des maisons cadenassées 

où ils avaient grandi.

J'ai vu des femmes nues

gagner des fortunes 
J'ai vu des professeurs

gagner des misères.

J'ai vu des araignées au ventre translucide gratter le fond des crânes

pour y trouver un peu d'eau.

J'ai vu des troupeaux

brouter dans des prairies
J'ai vu des serpents s'enlacer dans les collines
J'ai vu des processions sans fin

de rutilantes carlingues
En route vers des cimetières

Habités.

J'ai vu un monde en train de mourir
Sous la pluie des bombes
Sous les rayons ardents
D'un soleil vengeur
Dans l'indifférence et le déni. 

J'ai vu des océans se vider et mourir
J'ai vu des mers extraordinaires
J'ai bu des mers de whisky 
J'ai caressé tant de chiens et de chats
Que ma paume s'est lissée d'amour

J'ai vu des hommes sombrer
Et d'autres devenir roi
De royaumes narcissiques

J'ai vu des gardiens de tsunami

débordés d'émotions 

par vagues

J'ai vu des dompteurs d'incendie 

Se consumer d'amour

J'ai vu des chevaucheurs de tempête 

Ebourrifer d'entraide

Des chemins d'inertie

Aux replis bureaucrates 

J'ai vu tant et tant
Que mes yeux 
On brûlé d'appétit

Aveuglés de passions

Et d'étoiles attentives.